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Sortie Botanique du 02 avril 2022

Journal de la sortie du 02 avril 2022

Thème

Sortie "flore printanière"

Organisateur

Agnès GRESET

Lieu

Bois de la Miotte à BELFORT (Territoire de Belfort)

Nombre de participants

6 - participants hors CVG inclus

Commentaires : Agnès GRESET.

Photos : Agnès GRESET

Après l’épisode estival de la semaine précédente où la flore était à son apogée, il était plus difficile d’observer les premières fleurs déjà fanées et les autres recroquevillées sous la neige!

Mais la Ficaire fausse-renoncule et l’Anémone des bois (Anemone nemorosa) ou Anémone sylvie, (du latin silva : la forêt) nous ont montré comment elles se protégeaient des aléas climatiques: leurs fleurs étaient fermées! Une façon de ne pas abîmer leur pollen. Elles se referment aussi le soir pour se préserver de  l’humidité et s’ouvrent dès que le soleil brille. Les anémones redressent alors leur corolle et pivotent lentement, d’un Même ensemble, en suivant la direction du soleil. Cette renonculacée aux fleurs blanches est toxique, ce qui lui évite d’être inquiétée par les animaux. Elle prospère en toute sécurité par ses rhizomes (tiges souterraines) et ses graines disséminées par les fourmis.

La Ficaire fausse-renoncule (Ficaria verna - Ficaria ranunculoides) avec ses feuilles en forme de cœur et ses fleurs jaunes, se plait dans les endroits humides au pied de la Miotte.
On lui donne beaucoup de petits noms :

  • "Eclairette", à cause de ses fleurs, dont les nombreux pétales sont d'un jaune brillant et éclatant.

  • "Grenouillette", en référence à sa famille : les renonculacées (ranunculus vient du latin "rana" signifiant "grenouille"), car elle est attirée par les endroits humides.

  • "Herbe aux hémorroïdes", en raison de ses racines tubéreuses typiques qui évoquent de telles veines renflées.

 Beaucoup moins poétique... C’est également à leur forme qu’elle doit son nom dérivant du latin « ficus » signifiant « figue ». Ces tubercules pouvant rappeler l’aspect de petites figues…
L’ Anémone fausse-renoncule (Anemone ranonculoides), était présente en ce début avril sur les pentes de la colline. Sa fleur jaune ressemble à celle d’une renoncule (ou bouton d’or) et sa feuille à celle d’une anémone…
Trois renonculacées, à l’apparence bien innocentes, mais toxiques !

  • La Primevère élevée (Primula elatior), elle aussi, éclaire le sous bois de la couleur jaune pâle de ses fleurs tubulaires, dressées au bout d’une longue tige. On l’appelle aussi le « Coucou des bois ».

Autrefois, on l’appelait « Coqueluchon » : ses fleurs parfumées et légèrement sucrées apaisant la toux.

  • La Pulmonaire officinale, dont les feuilles parfois tachetées de blanc évoquent les vésicules pulmonaires ou rappellent l’aspect des poumons atteints par la tuberculeuse, était autrefois utilisée pour soigner cette maladie et les affections respiratoires. La couleur de ses fleurs varie du rose au bleu. Leur changement de couleur dépend du degré d’acidité de la corolle. D’abord acide quand la fleur est jeune, le Ph devient neutre, puis basique : elle passe alors du rose au bleu.

  • Présentes en grand nombre au début du printemps, il ne restait que quelques fleurs de Scilles à 2 feuilles (Scilla bifolia), en forme de petites étoiles bleues! Leurs deux longues feuilles se terminant par un petit capuchon (feuilles dites «cuculées »), étaient bien apparentes. Après la floraison, elles continuent à grandir et s’élargir, jusqu’à disparaître quand arrivent les feuilles des arbres. Comme beaucoup de plantes qui apparaissent au début de printemps dans les sous-bois, la scille à 2 feuilles est éphémère, mais son petit bulbe assurera sa pérennité, ainsi que ses graines qui seront disséminées par les fourmis.

  • Une plante de la famille des euphorbes : l’Euphorbe des bois ou Euphorbe faux amandier (Euphorbia amygdaloïdes) (ses feuilles ressemblent à celles de l’amandier), possède un lait toxique (latex), particularité de cette famille. Sa tige dressée, rougeâtre, porte des feuilles regroupées au centre et se termine par une inflorescence jaune verdâtre, appelée cyathe.

  • La Mercuriale vivace (Mercurialis perennis), une plante dioïque qui possède des pieds mâles avec étamines et des pieds femelles avec pistil peut être envahissante. Son nom fait référence à Mercure, qui aurait découvert ses propriétés médicinales purgatives, mais comme il était aussi le dieu du commerce et des voyages, la faculté de cette plante à disperser facilement son pollen loin d’elle, fait aussi partie de la légende. C’est une euphorbiacée qui n’a pas de latex.

  • Les feuilles de l’Arum tacheté, entièrement vertes, parfois maculées de taches noirâtres, se reconnaissent à leur forme : celle d’une pointe de flèche (elles sont dites « sagittées). A ne pas confondre avec celles de l’Ail des ours quand elles sont très jeunes (elles sont alors plus ou moins arrondies). Parfois quelques pieds d’arum peuvent se mêler à la colonie d’ails des ours qui tapisse les sous-bois au pied de la Miotte. L’arum est une plante toxique.

  • Déjà connu des Celtes et des Germains pour ses vertus multiples, l’ail des ours de la Miotte fut certainement apprécié des hommes du Néolithique qui occupaient le site, il y a plus de 2500 ans av. J-C, dans leur « atelier » de taille de pierre et le camp fortifié au lieu-dit « le Bramont ».

  • L’ Alliaire officinale, qui dégage aussi une odeur d’ail quand on froisse ses feuilles, pourrait le remplacer, mais sa saveur et son odeur sont moins prononcées. Sa famille est celle des brassicacées (ou crucifères) avec les 4 pétales de ses fleurs en croix, réunies au sommet de la tige. Les feuilles de sa base sont en forme de rein, les feuilles supérieures en forme de cœur avec des dents arrondies. L’ail des ours, lui, est de la famille des amaryllidacées !

  • Les Corydales se plaisent sur les pentes et la crête calcaires de la Miotte. Mauves, roses ou blanches, elles doivent leur nom au grec « Korydalis » pouvant être traduit par « alouette huppée » : l’éperon de leurs fleurs contenant du nectar fait penser à la petite aigrette de l’alouette… Elles dégagent une subtile odeur de… corydale !

On en distingue deux types : la Corydale à bulbe creux (Corydalis cava) (son bulbe est formé de plusieurs strates avec des espaces entre les couches) et la Corydale à bulbe plein (Corydalis solida).

Elles se différencient principalement par la forme des bractées (sortes de petites feuilles à la base des fleurs). La corydale à bulbe creux a des bractées simples tandis que la corydale à bulbe plein a des bractées digitées (découpées en forme de doigts). Leurs éperons sont plus redressés. On peut donc les reconnaître sans les déterrer…

  • Sur le chemin de desserte, nouvellement créé à la Miotte, les Tussilages ou Pas d’âne (Tussilago farfara) se sont installés. Ces plantes pionnières qui ont la particularité de fleurir avant l’apparition de leurs feuilles sont des indicatrices de sols rapportés et instables. Elles appartiennent à la famille des astéracées (comme le pissenlit et la pâquerette).

Les Sceaux de Salomon et les Parisettes, qui font partie du 2ème contingent de fleurs printanières supportant davantage l’ombre des feuilles, étaient déjà là !

  • Le Sceau de Salomon (Polygonatum multiflorum), doit son nom à la cicatrice laissée par sa tige sur son rhizome souterrain, quand elle fane et tombe. Elle ressemblerait à un sceau !

  • La Parisette (Paris quadrifolia), le doit au nombre pair de ses organes : 4 pour les feuilles, mais il y a des exceptions (parfois 5 ou 6…!), 4 sépales, 4 pétales, 8 étamines, pour sa fleur unique au centre de laquelle se trouve un pistil à 4 loges, contenant chacune 2 graines. Selon une légende, elle serait dédiée au prince troyen : Paris, mais ceci est une autre histoire… Sa baie toxique était autrefois mélangée à des appâts destinés à tuer les renards !

  • En longeant la crête, les fleurs bleues de l’Anémone hépatique (Hépatique noble, Hépatique trilobée) avaient disparu. Avec les scilles, elles étaient les premières à fleurir à la fin de l’hiver. Quelques pieds, avec leurs nouvelles feuilles reconnaissables à leurs 3 lobes, étaient visibles.

  • Le Lierre terrestre, les Violettes des bois, non spécifiques des terrains calcaires, comme ceux de la Miotte, étaient aussi de retour le long de notre parcours en ce samedi bien tourmenté !

D’autres découvertes nous attendent désormais au sommet de cette colline emblématique de Belfort. Voici venu le temps des Orchidées !

Ce samedi 2 avril, les feuilles souples et élancées de l’ail des ours étaient recouvertes de neige !